Les troubles psychiques

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Les types de troubles psychiques

Les psychotraumatismes, quelles que soient leurs causes, ont des conséquences sur le fonctionnement mental, les pensées, les émotions, les sentiments, l’expression verbale, la gestion des besoins vitaux et sociaux, le comportement individuel et social, la vie corporelle, alimentaire, sexuelle…

Des traumatismes psychiques de natures très différentes peuvent ainsi avoir des conséquences similaires, alors que des traumatismes aux causes similaires peuvent engendrer des conséquences très différentes.

Les troubles émotionnels et cognitifs

Le sentiment de culpabilité

Dans un certain nombre de cas, notamment d’agression ou de violences interpersonnelles, notamment sexuelles, la victime conçoit un sentiment durable de culpabilité : “c’est ma faute”, “j’aurais pas dû faire ci ou ça”, “j’aurais dû réagir autrement”. La victime prend donc à sa charge tout ou partie d’une agression causée par autrui.

Inversement, il est fréquent que les agresseurs, eux, n’éprouvent aucun sentiment de culpabilité et que, même mise en cause par la justice, ils plaident non-coupable.

Dans les traumatismes répétés, comme les enfances avec des parents ou des proches maltraitants ou abusifs, la victime peut même en quelque sorte passer du côté de l’agresseur, le défendre ou le justifier.

Un des mécanismes pouvant expliquer ce phénomène de culpabilité victimaire est l’identification à l’agresseur : la position de victime est tellement inconfortable et pénible qu’on refuse de la prendre (déni, amnésie, dépersonnalisation), et au contraire l’agresseur a souvent tellement de prestige, d’autorité, de pouvoir, que pour sauver sa vie, sa dignité, sa conscience, sa sécurité, on s’identifie à son point de vue pour rétablir un semblant de justice et de normalité.

Cela peut être le cas quand l’agresseur est un parent ayant autorité, un enseignant, un médecin, un policier, un juge, une star, une personne riche ou célèbre ou puissante, etc. Une personne au-delà de tout soupçon.

Le sentiment de culpabilité de la victime peut également être entretenu par l’agresseur lui-même, qui répète des propos comme “c’est ta faute, regarde ce que tu me fais faire”, etc.

Ce sentiment de culpabilité peut se traiter entre autres par la psychothérapie, ou par le biais d’une résilience progressive grâce à des personnes bienveillantes, qui aideront la victime à prendre conscience du fait qu’elle n’était pas responsable de l’agression, quoi qu’elle ait fait ou pas fait.

L’amnésie traumatique et la mémoire traumatique

Muriel Salmona, psychothérapeute des traumatismes sexuels

La psychothérapeute Muriel Salmona a étudié le phénomène fréquent de l’amnésie traumatique : très souvent, les personnes violées dans l’enfance ou la jeunesse voire l’âge adulte l’oublient, et ne s’en souviennent que des années ou des décennies plus tard.

Un exemple célèbre d’amnésie traumatique est celui de la chanteuse Marie Laforêt, qui a témoigné, âgée, s’être souvenue tardivement d’abus sexuels subis dans la petite enfance, à l’âge de 3 ans.

Muriel Salmona distingue 4 types d’amnésie et de mémoire traumatique :

  • l’amnésie traumatique lacunaire s’expliquerait par les conséquence neurologiques d’un stress extrême, qui engendre une sécrétion de cortisol à haute dose, ce cortisol neurotoxique pouvant causer la mort de jusqu’à 30% des neurones de certaines zones du cerveau, l’hippocampe, le cortex cingulaire et le cortex frontal, qui traitent d’ordinaire l’information. A un certain niveau d’intoxication, le système “disjoncte” et fait cesser la sécrétion de cortisol pour préserver le cerveau. La conséquence est une amnésie partielle, une sensation de “trou noir” mémoriel.
  • l’amnésie physiologique s’explique par
    • l’âge du sujet : avant 3 ans les structures cérébrales en construction n’assurent pas un traitement mature de l’information, et la mémoire peut n’être que somatique et émotionnelle ; ou après un certain âge, les structures cérébrales dégradées ne permettent plus un traitement complet ou un stockage de l’information
    • ou la prise, volontaire ou forcée, de psychotropes, d’alcool et autres drogues (GHB, drogue du violeur), qui empêchent le fonctionnement normal du cerveau et de la mémoire
  • l’amnésie psychogène, encouragée par le tabou, l’interdit d’expression et la loi du silence imposée par l’entourage ou l’agresseur, et pratiquée par la victime comme stratégie de survie : dénier et oublier les faits pour y survivre, ne plus être conscient d’une souffrance trop aiguë
  • l’amnésie traumatique dissociative conduit à l’oubli total et durable, puis au surgissement partiel mais de plus en plus complet de souvenirs traumatiques ; le sujet se dissocie de l’événement voire de lui-même. Le phénomène s’expliquerait là aussi par plusieurs mécanismes de défense du cerveau confronté à des informations inhabituelles, un risque pour la vie, un stress extrême.

L’évitement

Les conduites d’évitement s’expliquent par la volonté plus ou moins consciente des victimes traumatisées de ne plus se trouver dans la situation du traumatisme pour éviter tout retour de souvenirs traumatiques, ce qui peut mener à une grande diversité d’évitements : une personne traumatisée dans un lieu sombre peut chercher à éviter tous les lieux sombres, une personne traumatisée dans le cadre familial peut éviter sa famille et tout événement lié à la vie familiale (Noël, les anniversaires…), etc.

Cet évitement va concerner non seulement la réalité mais aussi les pensées et l’imaginaire.

Ces stratégies d’évitement peuvent devenir une obsession ou une habitude, on va alors vers la phobie (sociale, scolaire, ou phobie de certaines choses en particulier, qui suscitent des crises de panique) et le trouble de la personnalité évitante (évitement des conflits, de la sexualité etc).

Le choc émotionnel

Aussi appelé état de choc, le choc émotionnel est la première étape d’un traumatisme sérieux : saturé par l’intensité de l’événement, le cerveau cesse de réagir et la personne, au lieu de faire l’expérience d’émotions qui sembleraient naturelles en pareille situation, se sent vide et n’exprime rien.

Par exemple une femme appelle les secours et dit d’une voix monotone qu’elle vient de trouver son mari mort, ou un homme sort hagard d’une voiture après un grave accident, s’assoit sur le sol, et regarde, sans rien dire ni faire, comme plongé dans une profonde léthargie, ou une fillette à qui un pédocriminel met la main dans la culotte dans un bus bondé se retrouve incapable de réagir, paralysée, tétanisée.

Cet état de choc émotionnel peut survenir évidemment dans les traumatismes négatifs, mais aussi parfois dans l’annonce inattendue d’une bonne nouvelle, comme une grossesse ou une naissance.

La sidération psychique

Le docteur Muriel Salmona a développé ce concept de sidération psychique qu’elle explique par une série de phénomènes cérébraux, aussi normaux que contradictoires.

Confronté à une situation traumatisante, le cerveau réagit en sécrétant brutalement adrénaline et cortisol, qui ont pour effet de mettre le corps en alerte : le cœur bat vite, la respiration s’accélère, le corps se prépare à se défendre, contre-attaquer, ou fuir. Ces réactions animales ont certainement été longuement validées par l’expérience de la vie dans la nature.

Comme la source du traumatisme demeure, cette réaction de stress intense va trop loin au point d’endommager certaines structures du cerveau, ce qui déclenche une seconde réaction en sens contraire : le cerveau, pour se protéger, sécrète cette fois morphine (anesthésiante et analgésique) et kétamine (aux effets dissociatifs), ce qui ralentit le cœur et la respiration et paralyse la victime, comme si le fait de faire le mort pouvait améliorer ses chances de survie.

(Cette réaction suscitera souvent des sentiments de culpabilité : “pourquoi n’ai-je rien fait ?” Il s’agit d’une rationalisation a posteriori, qui peut disparaître ou s’atténuer dès lors qu’on sait clairement que la réaction de paralysie était un réflexe de sauvegarde cérébrale, qui déresponsabilise le sujet.)

Après ces deux réflexes cérébraux, le sujet a pris une injection d’adrénaline + cortisol puis une injection de morphine + kétamine : il en résulte chaos, confusion, brouillard mental, amnésie, perte de la capacité à traiter l’information, intellectuellement, émotionnellement et corporellement.

La personne est alors, pour un certain temps, sous l’effet de toutes ces substances et voit souvent les choses de l’extérieur, d’une manière irréelle. Les événements traumatiques reviendront souvent, parfois des décennies après, par flashs.

Les troubles de l’humeur

Les troubles de l’humeur peuvent se voir qualifiés d’unipolaires (l’humeur va en excès vers un seul pôle, la dépression ou plus rarement la manie) ou bipolaires (l’humeur oscille entre les deux pôles de la tristesse extrême et de la joie extrême).

La dépression

La dépression consiste en une dégradation durable (plusieurs mois) de la qualité de vie avec des sentiments de tristesse, de vide, de solitude, d’ennui, de monotonie, de faiblesse de la volonté. La personne n’a envie de rien, ne fait plus de projets, ne trouve plus sens à sa vie, traverse un désert affectif.

La dépression peut résulter de faits traumatisants qui l’ont exposée à la cruauté, à la violence, au danger, à la mort, ce qui entraîne une relativisation morale : après des chocs d’une telle intensité, les petits plaisirs de la vie semblent minuscules ; après un risque de mort, ou des violences subies ou vues dans l’impuissance et l’injustice la vie semble fragile voire inutile.

“A quoi bon ? puisque je ne contrôle rien, puisque je peux mourir d’un moment à l’autre, puisque ça peut se reproduire, puisque je ne suis voué dorénavant qu’à souffrir et à me souvenir de mes souffrances”.

La personne déprimée peut réagir à son état en cherchant à le fuir par la prise d’alcool, de médicaments ou de drogues.

Dans les formes les plus intenses, la dépression s’accompagne de pensées négatives sur soi, autrui et le monde, d’un sentiment de désespoir, d’idées noires, d’idées suicidaires, de passages à l’acte suicidaires et de suicides réussis ou ratés.

Pour guérir la dépression, la psychothérapie individuelle ou collective aide la personne déprimée à exprimer ses ressentis, à soulager sa peine, à tisser à nouveau des relations positives et enrichissantes avec autrui sur la base de l’empathie, etc.

A utiliser avec précaution, les antidépresseurs (souvent utilisés à tort et à travers et en situation de contre-indication) peuvent aider à restaurer artificiellement les équilibres des neurotransmetteurs dégradés par l’état de tristesse et d’apathie.

Le suicide

La dépression, le manque perçu ou réel de perspective, la solitude, le désespoir, l’abandon, les ruptures amoureuses, amicales et professionnelles, l’humiliation et la honte, les abus sexuels, les violences et agressions, et bien d’autres facteurs, peuvent conduire les personnes à se suicider ou à faire une tentative de suicide.

L’état suicidaire implique des sentiments négatifs intenses qui laissent la personne penser que la mort est la seule solution pour mettre un terme à ses souffrances : “je n’irai jamais mieux, c’est fini, je suis incurable, je ne m’en sortirai jamais, tout le monde s’en fout”, etc.

Pour aider une personne suicidaire, qui parle de se suicider, il est bon d’abord de lui donner la parole, de la laisser se vider de ses sentiments négatifs, sans porter de jugements ni la cribler de conseils même bienveillants.

Quand la crise est passée, une thérapie cognitive et comportementale, ou une autre forme de psychothérapie, peut aider la personne à formuler ses pensées et à les confier à autrui – ce qui contribue à décharger un peu de son fardeau mental négatif – et à élaborer des solutions pour revenir à des dispositions d’esprit plus constructives.

Le trouble cyclothymique

Le trouble cyclothymique consiste en l’alternance incontrôlée d’humeurs opposées. Le sujet est tour à tour exalté, accablé, triste, joyeux, hyperactif, apathique, etc. Cette instabilité de l’humeur dérive souvent en instabilité des relations.

Le trouble maniaco-dépressif

Le trouble maniaco-dépressif consiste en une version aggravée du trouble cyclothymique.

La personne tombe dans une dépression grave pendant des semaines, ne parle plus à personne, ne fait plus rien, ne remplit plus ses rôles sociaux (comme parent, comme travailleur etc.), ne veut plus rien, puis un jour ça se retourne et la personne fait de gros investissements, jubile, discute avec tout le monde, couche avec n’importe qui, avant de retomber à nouveau en dépression etc.

Les troubles liés au stress

L’état de stress aigu

L’état de stress aigu représente la version courte (moins d’un mois) du trouble de stress post-traumatique qui en est la version durable.

Il survient après un événement traumatisant et peut consister en :

  • Amnésie ou mémoire lacunaire
  • Souvenirs pénibles, surgissant de manière incontrôlable et inopportune, de manière obsédante ou par flashs, impressions de répétition du trauma
  • Sentiment d’irréalité, hébétude, temps ralenti ou vide
  • Perte des émotions positives : joie, espoir, sérénité, plaisir, bonheur, amour, amitié
  • Souffrance psychologique intense
  • Insomnies et autres troubles du sommeil : réveils intempestifs, cauchemars répétés
  • Hypervigilance, comme si un danger allait survenir de manière imminente, en permanence ou très fréquemment
  • Irritabilité et crises de colère
  • Difficulté ou incapacité à se concentrer
  • Fonctionnement général altéré : perte d’appétit, rupture des communications sociales, etc

La présence et le soutien des proches, famille, amis, collègues, voisins, joue un rôle essentiel dans la résilience des victimes en état de stress aigu.

Le traitement des faits traumatisants par la pensée et la parole permet aussi d’inscrire les faits extraordinaires dans le récit autobiographique, rendant ainsi la personne capable d’accepter et de gérer les conséquences du traumatisme. Ce traitement peut se faire aussi bien avec l’entourage qu’avec un professionnel ou même seul (en écrivant, en s’enregistrant, se filmant etc.)

Cet état de stress aigu s’explique par l’orage de neurotransmetteurs pendant le traumatisme, qui a pu endommager les organes cérébraux qui traitent l’information et la mémoire. Des neurones ont pu mourir en masse dans certaines zones, heureusement ils repoussent progressivement et le sujet retrouve la mémoire.

La victime et son entourage peuvent s’aider et aider en procurant à la victime le maximum de sécurité disponible : pendant cette phase de choc, une stratégie d’évitement, au calme, permet de diminuer les risques de revécu du trauma tout en laissant le cerveau reconstituer ses organes.

De même, la bonté, la gentillesse, l’amour et l’amitié prodiguées par l’entourage aident la victime à recréer des liens positifs et à revivre des émotions agréables qui vont compenser progressivement les dégâts du trauma.

Le trouble de stress post-traumatique

Le trouble de stress post-traumatique a les mêmes causes et les mêmes symptômes que l’état de stress aigu, mais il dure plus longtemps : des mois, des années, voire toute la vie.

Il s’accompagne de :

  • conduites d’évitement de tout ce qui peut rappeler tel ou tel élément du traumatisme, même un détail d’apparence insignifiante : un agresseur qui porte un t-shirt rose peut causer un évitement de la couleur rose qui occasionne des flashbacks mémoriels pénibles ; une victime kidnappée qui voyait un parc par la fenêtre évitera les jardins et parcs, même dans un film ou un roman
  • dépression, pensées négatives et émotions négatives plus ou moins envahissantes
  • disparition ou diminution des pensées positives et émotions positives

L’état de stress devenu chronique et durable cause des stratégies d’adaptation, de fuite, d’évasion :

  • une personne qui s’est sentie salie par le traumatisme développe des comportements d’hygiène obsessionnels : 2 douches par jour après un viol, pendant des mois ou des années, par exemple
  • une personne qui allait bien avant le traumatisme et qui sombre dans une dépression durable, peut chercher à retrouver calme et joie de vivre dans des substances anesthésiantes ou euphorisantes, comme l’héroïne et la cocaïne, l’alcool et le cannabis, les médicaments psychotropes, les somnifères et les tranquillisantes etc et en général toute substance capable de modifier l’humeur dans le sens désiré pour obtenir un semblant de réparation ; cette stratégie peut s’avérer aussi toxique que les séquelles du traumatisme et ne constitue pas une réelle solution durable

Certaines activités peuvent au contraire aider à restaurer les équilibres, affectifs, émotionnels, neurologiques, physiques, des victimes subissant un trouble de stress post-traumatique de longue durée :

  • la création et l’expression aident à traiter le trauma symboliquement, à redonner du sens aux faits, aux souvenirs, aux émotions, au monde
  • l’activité physique (marcher dans la nature notamment, reprendre contact avec la vie naturelle et spontanée) et les sports aide à rééquilibrer les neurotransmetteurs, en générant de l’adrénaline et des endorphines
  • les techniques de gestion du stress, dont le yoga, la méditation, la sophrologie, la Méthode Grinberg, les exercices de respiration, le chant, le biofeedback, aident la victime à retrouver son calme intérieur, à gérer ses pensées et ses émotions

Le trouble anxieux généralisé

Le trouble anxieux généralisé décrit l’état d’une personne qui éprouve durablement (pendant des mois et non pas de manière ponctuelle ou temporaire) de l’inquiétude, de l’angoisse, de manière excessive et étendue.

La personne hyper-anxieuse fait également l’expérience de troubles du sommeil (difficulté d’endormissement, absence de sommeil, réveil précoce), de difficultés de concentration, de tensions musculaires, irritabilité.

La thérapie cognitive et comportementale donne l’occasion aux victimes d’identifier les pensées qui les stressent et les émotions négatives et de modifier leur comportement pour y échapper et revivre des expériences positives.

Les crises de panique

Les victimes en état de stress ou vivant un trouble d’anxiété peuvent aussi faire l’expérience de crises de panique.

Une crise de panique consiste en un état de stress extrême, de forte angoisse, de peur vive, avec des symptômes physiques comme des douleurs à la poitrine, la sensation d’étouffer, des vertiges ou des nausées, une tachycardie (coeur qui s’emballe), et des symptômes psychiques comme la peur de mourir ou de devenir fou / folle.

Les crises peuvent avoir des causes sensorielles (phobies) ou n’avoir aucune cause directement apparente.

Elles ne durent que quelques minutes et peuvent être interprétées à tort, par la personne qui les vit ou par un-e professionnel-le de la médecine, comme un problème de cœur, de poumon ou de cerveau.

Souvent, la personne victime d’attaques de panique va s’adapter en évitant les situations qui causent les crises. Cette adaptation elle-même peut poser problème si elle consiste en un évitement de situations qui jouaient un rôle positif dans la vie de la victime : ex : la vie sexuelle, la vie professionnelle, la vie amicale).

La phobie sociale

Dans une phobie sociale, certaines situations sociales provoquent des sentiments d’anxiété, de peur voire de panique et dès lors le sujet cherche à les éviter. Lors d’une de ces situations, le sujet fait l’expérience de troubles physiques et mentaux : mains ou voix qui tremblent, cœur qui bat, respiration coupée, boule au ventre, vision qui se brouille, confusion mentale ou sensation de vide.

Une thérapie comportementale et cognitive peut aider la personne à se relaxer, à identifier les pensées qui déclenchent peur, anxiété et panique et à les modifier de manière à retrouver un fonctionnement normal.

Une thérapie d’exposition consiste à s’habituer aux situations stressantes en les reproduisant en petit : si on a peur de parler devant un public professionnel par exemple, on va s’exposer à parler devant un public qui semble moins stressant ou plus accueillant, comme des enfants ou des personnes âgées.

L’agoraphobie

L’agoraphobie consiste en une peur panique ressentie dans des situations de foule, dans des lieux publics, bondés, fréquentés.

Elle est fréquemment associée à un trouble panique. La personne a notamment peur de ne pas recevoir d’aide dans ces situations si elle vit une crise d’angoisse.

Le traitement est identique à celui de la phobie sociale.

Les troubles de la personnalité

Le trouble de la personnalité paranoïde

Suite à une agression, un accident, un abus, ou encore plus après des traumatismes de type II, répétés et durables, la victime peut développer des troubles de la personnalité paranoïde :

  • se sentir facilement blessée, insultée, offensée, menacée, en danger
  • se méfier de tout et de tout le monde, refuser d’accorder sa confiance
    avoir besoin de tout contrôler pour éviter d’être contrôlée

Cette défiance généralisée limite fortement les interactions sociales positives de la personne, et rend le processus thérapeutique compliqué : elle refuse d’être aidée, y voit une agression, une prise de contrôle, une démarche hostile.

La thérapie cognitive et comportementale peut aider à faire baisser cette suspicion et cette méfiance en en identifiant les schémas de pensée et les causes profondes, surtout dans les cas où cette attitude se base sur un vécu réel : les personnes ayant été victimes de leurs proches, parents, amis, conjoints, ont réellement vu leur confiance être trahie, bafouée, détruite par des relations toxiques. La simple reconnaissance de ce fait peut aider la victime à retrouver l’envie de bâtir des relations positives, dès lors qu’elle contrôle le processus et pose certaines conditions pour y parvenir.

Trouble de la personnalité dépendante

Des victimes de traumatismes par négligence, maltraitance ou abandon peuvent avoir perdu leur aptitude au contrôle de leur vie et de leurs besoins, ou tout simplement ne l’avoir jamais développé.

Elles font l’expérience d’un manque de confiance en soi, d’un complexe d’infériorité, de pensées d’auto-dévaluation, et d’angoisses d’être abandonnées.

Dès lors, elles cessent de se prendre en charge et se mettent en position de soumission et de dépendance : elles cherchent une protection, un contrôle extérieur. Dès qu’elles en perdent un, elles en cherchent un autre.

Se décrivant comme incompétentes, elles demandent à être aidées, assistées, rassurées, soutenues, supervisées, contrôlées – jusqu’à tolérer des abus et des violences, physiques, psychologiques ou sexuels.

La thérapie cognitive et comportementale peut encourager la personne à se faire à nouveau confiance, à mettre en œuvre un programme progressif d’autonomie, à entretenir des pensées positives d’auto-encouragement, de prise de confiance en soi.

Les troubles dissociatifs

Les troubles de déréalisation ou de dépersonnalisation

Fréquemment liés à d’importants psychotraumatismes (maltraitances, négligences, violences, deuil soudain, et autres formes de stress intense), les troubles de déréalisation et de dépersonnalisation concernent des personnes qui ont un sentiment persistant d’irréalité, de détachement vis-à-vis du réel (déréalisation) ou d’extériorité à soi-même, de détachement vis-à-vis de son propre corps ou vis-à-vis de ses propres pensées (dépersonnalisation).

“Zombies”, vivant dans un rêve ou un cauchemar, ces personnes se sentent séparées, déconnectées, dissociées, et incapables de fonctionner normalement.
Le trouble peut disparaître spontanément, ou devenir chronique et de longue durée.

Déréalisation et dépersonnalisation se traitent par une psychothérapie ou une thérapie cognitive et comportementale, pour rétablir le contact avec les sensations, reprendre conscience du caractère personnel des émotions, différencier les sensations d’irréalité et les sensations de réalité.

Le trouble dissociatif de l’identité

Un stress extrême subi dans l’enfance (abus sexuel, violences physiques, maltraitances psychologiques et émotionnelles, négligence, décès d’un proche ou maladie grave) peut causer un trouble dissociatif de l’identité, au cours duquel la personne se révèle incapable de former un tout cohérent avec ses expériences, et développe un moi fragmenté, clivé, séparé en plusieurs identités distinctes.

Ce trouble peut être stimulé par l’incohérence des comportements de proches maltraitants, tour à tour abusifs ou violents puis affectueux ou aimants : la victime se conforme donc à ces modalités comportementales hétérogènes en développant plusieurs identités adaptées aux différents comportements auxquels elle est confrontée.

Le trouble s’accompagne fréquemment d’amnésie totale ou partielle, de la part de l’une ou l’autre des identités multiples : soit aucune des identités ne se souvient de faits traumatisants, soit seule l’une d’elles s’en rappelle.

Ces personnes peuvent aussi parler d’elles-mêmes et de leurs autres identités à la troisième personne : il pense ceci, elle a dit cela.

La psychothérapie souvent longue et douloureuse pourra permettre d’intégrer ces personnalités multiples en une, ou au moins à les faire collaborer de manière harmonieuse.

Les troubles alimentaires

L’anorexie mentale

L’anorexie mentale constitue un trouble de la conduite alimentaire par restriction volontaire des quantités de nourriture absorbées et souvent par auto-interdiction de certains types d’aliments (perçus comme “faisant grossir” ou mauvais), conduisant à une maigreur anormale voire à une cachexie (la peau sur les os, atrophie musculaire généralisée). Dans certains cas, l’amaigrissement extrême et les carences en nutriments mènent à des défaillances d’organes et à la mort.

La personne anorexique éprouve une peur permanente de grossir et a une image perturbée de son corps. Elle peut abuser de l’exercice physique (nager tous les jours pendant 4h) pour contrôler et réduire son poids.

Une perte temporaire de poids ou d’appétit ne suffit pas à diagnostiquer une anorexie mentale.

La thérapie cognitivo-comportementale ou une psychothérapie peuvent servir à identifier les causes des idées négatives concernant l’image corporelle, à retrouver le plaisir de manger, ou à rétablir une vie affective plus riche.

Les victimes d’abus sexuel ou de maltraitances familiales sont plus susceptibles d’être touchées par l’anorexie mentale qui peut s’analyse comme un trouble de l’image de soi hérité d’anomalies dans l’image que l’entourage a de la personne.

La boulimie

La boulimie constitue un trouble du comportement alimentaire par la prise incontrôlable de quantités anormales de nourriture (hyperphagie), associées ou non à des conduites de purge (vomissement volontaire, prise de laxatifs) et à de forts sentiments de culpabilité.

Les personnes boulimiques ont en général un poids normal, un faible pourcentage est obèse. L’image du corps est fréquemment perturbée.

La thérapie cognitivo-comportementale ou la psychothérapie peuvent aider la personne à rétablir un contrôle sur ses crises de frénésie alimentaires et une meilleure image corporelle.

Les troubles obsessionnels compulsifs

Les personnes atteintes de troubles obsessionnels compulsifs sont d’abord hantées par des obsessions angoissantes sur des thèmes négatifs : elles ont des craintes, des peurs, en pensant de manière incontrôlable à des risques, des menaces.

Obsédées par la possibilité d’une intrusion, elles vont vérifier si la porte et les fenêtres sont verrouillées, si le téléphone marche.

Obsédées par des idées de saleté omniprésente, elles se lavent les mains encore et encore ; elles touchent le robinet mais il est perçu comme sale, donc elles le lavent et se relavent les mains une deuxième fois ; mais elles doivent s’essuyer sur la serviette, susceptible d’être sale, donc elles recommencent tout le processus.

Obsédées par l’idée d’être mal jugées, elles vérifient encore et encore dans le miroir que leur apparence ne présente aucun défaut.

Malgré ces compulsions répétitives, le sentiment d’insécurité demeure.

Le trouble obsessionnel compulsif s’associe fréquemment à une dépression ou à un trouble d’anxiété.

Une thérapie par exposition peut soulager le symptôme, tout simplement en habituant la personne à affronter l’objet de sa crainte, pour constater que rien de tragique n’advient.

Une thérapie cognitive et comportementale permet de reprendre du contrôle sur les pensées obsédantes et envahissantes, jusqu’à diminuer leur fréquence et à couper le lien entre ces pensées et la mise en œuvre d’actions compulsives.

Les troubles du sommeil

L’insomnie

L’insomnie se manifeste par :

  • une difficulté à s’endormir
  • des réveils intempestifs ou précoces
  • un sommeil non-réparateur, laissant le sujet fatigué

Une crise de stress aigu ou une dépression peuvent causer diverses formes d’insomnie.

La dépression qui cause une apathie, une somnolence diurne ou un manque d’activité pendant la journée peut entraîner une insomnie nocturne chronique.

La prise en charge des facteurs psychologiques, et la mise en œuvre d’une hygiène de vie appropriée (exercice et activité pendant la journée) contribuent à régler le problème.

Les cauchemars et les terreurs nocturnes

Les cauchemars, qui surviennent en phase de sommeil paradoxal, sont plus fréquents chez l’enfant que chez l’adulte ; chez ce dernier ils peuvent être le signe d’une détresse psychologique.

Les terreurs nocturnes surviennent en phase 3 du sommeil lent et profond (qui précède le sommeil paradoxal) et consiste en des cris ou en une forte agitation. Ils peuvent également être le signe d’une souffrance psychique.

Cauchemars et terreurs nocturnes peuvent se traiter par une psychothérapie : par la parole, le sujet se libère de ses peurs, traite et stocke l’information sans avoir à la revivre.

Les troubles liés à des substances, dépendances et toxicomanies

Abus sexuels, violences, maltraitances, négligences, causent de nombreuses toxicomanies et dépendances à des substances.

La personne traumatisée est souvent tentée de gérer ses états de conscience dysfonctionnels avec diverses substances, drogues ou médicaments. La personne déprimée prend “un petit remontant” jusqu’à se noyer dans l’alcool. Une victime en souffrance s’anesthésie avec de la morphine, de l’héroïne, des médicaments tranquillisants, de l’alcool, du cannabis etc.

Ces fuites mentales par des moyens artificiels, qui peuvent temporairement soulager certains symptômes, risquent en réalité d’aggraver et de compliquer la situation et de faire obstacle à un retour à l’équilibre neurologique, émotionnel, psychique, et deviennent un nouveau problème à traiter.

On traite la toxicomanie en profondeur en traitant les causes de souffrance sous-jacente qui motivent la prise de substances. Quand la cause disparaît ou est atténuée, la toxicomanie devient plus facile à traiter.

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